Traçabilité instrumentale:
définition: (Wikipedia)
La traçabilité est l'information sur la chaîne de production et de distribution d'un produit.
exemple de code bar appliqué sur des cassettes
instrumentales.
Dans notre cabinet il s'agit de suivre à l'aide de code
barre disposé sur les séquences instrumentales, la manipulation, la
stérilisation et son utilisation finale.
Ce code bar est lue par un lecteur optique qui enregistre les informations dans
un logiciel dédié.
Traçabilité dans la centrale de Stérilisation (capture d'écran du logiciel
créé et utilisé par le Dr J BRUY)
Traçabilité dans la salle de soin (capture d'écran du logiciel créé et
utilisé par le Dr J BRUY)
La traçabilité : jusqu'où faut-il aller ?
Afin d'aborder le problème de la traçabillté, il faut comprendre les tenants et
les aboutissants et surtout replacer les différents acteurs dans leur contexte.
La finalité de la traçabllité est de pouvoir à tout moment, quelque soit la
situation problématique:
a) remonter le processus pour identifier la cause du problème (éléments ou
événements) puis
b) suivre la prestation en aval pour identifier les conséquences du problème.
Qu'est-ce que la traçabilité ?
La traçabilité correspond à de l'identification mais sa finalité ne
s'arrête pas là. Elle sert à agir et à corriger les situations problématiques.
Définitions
Selon la norme NF EN ISO 8402 "management de la qualité et assurance de la
qualité - vocabulaire", la traçabilité est "l'aptitude à retrouver l'historique,
l'utilisation ou la localisation d'une entité au moyen d'identifications
enregistrées. Le terme de traçabilité peut être utilisé dans trois acceptations
principales: lorsqu'il se rapporte à un produit [...], à l'étalonnage [...] , à
la collecte de données [...]." Pour ce sujet, seule la traçabilité produit est
retenue.
Selon la circulaire DGS/DH n°672 du 20 Octobre 1997 relative à la stérilisation
des dispositifs médicaux dans les établissements de santé : "Les besoins en
traçabilité sont identifiés en fonction des dispositifs médicaux. La traçabilité
des dispositifs médicaux stérilisés au sein des établissements de santé est un
élément du système qualité et concourt à l'exercice de la matériovigilance."
Ainsi, au sein de notre exercice quotidien, la traçabilité intervient dans la
chaîne de stérilisation et lors d'utilisation de dispositifs médicaux
implantables (Arrêté du 20 avril 2006 fixant les règles de classification des
dispositifs médicaux., pris en application de l'article R. 5211-7 du code de la
santé publique / Arrêté du 26 janvier 2007 relatif aux règles particulières de
la matériovigilance exercée sur certains dispositifs médicaux, pris en
application de l'article L. 5212- 3 du code de la santé publique). La chaîne de
stérilisation est l'ensemble des opérations allant de la fin de l'utilisation
d'un instrument jusqu'à sa nouvelle mise à disposition stérile pour
l'intervenant. Trois grandes phases la constituent : la pré-désinfection -
nettoyage, la stérilisation, le stockage et mise en Ouvre du registre de
stérilisation/ traçabilité.
La norme NF EN 556 définit le niveau d'assurance de stérilité : " Le produit est
considéré comme stérile lorsqu'il est exempt de micro-organismes viables. " La
stérilité de produits traités est définie en terme de probabilité d'existence
d'un produit non stérile dans cette population. Pour qu'un dispositif médical
ayant subi une stérilisation terminale puisse être étiqueté " stérile ", la
probabilité théorique qu'un micro-organisme viable soit présent sur le
dispositif doit être inférieure ou égale à 10-6 .c'est pourquoi il est impératif
que le matériel placé dans le stérilisateur porte un nombre de germe le plus
réduit possible.
La stérilisation et les différents protocoles pour l'obtenir sont définis par
des normes.
• NF EN 554 : Octobre 1994. Stérilisation de dispositifs médicaux - Validation
et contrôle de routine pour la stérilisation à la vapeur d'eau.
• ISO 11140-1 : Juillet 1995. Stérilisation des produits de santé. Indicateurs
chimiques. Partie 1 : prescriptions générales.
• NF EN 285 : Février 1997. Stérilisation - Stérilisateur à vapeur d'eau -
Grands stérilisateurs de plus de 54 litres.
• NF EN 867-3 : Juin 1997. Systèmes non biologiques destinés à être utilisés
dans les stérilisateurs.
• Partie 3 : spécifications pour les indicateurs de classe B destinés à être
utilisés dans l'essai de Bowie-Dick.
• EN 13060 : avril 2004. Stérilisation - Stérilisateur à vapeur d'eau - Petits
stérilisateurs de moins de 60 litres.
• EN 556 : Etat Stérile - Obtenu par procédés validés.
Traçabilité et stérilisation
Appliquée à la stérilisation, la traçabilité doit s'organiser autour des
identifications enregistrées de "l'entrant" au "sortant" du dispositif médical
stérile. L'entrant se caractérise par son identification. Le "sortant" se
traduit par la réforme du produit, excepté pour les dispositifs médicaux
implantables où il s'agit de l'implantation. Entre les deux extrémités, il y a
tout le parcours du dispositif : le circuit entre la stérilisation et
l'utilisation du dispositif médical ; les actions réalisées au long de ce
circuit incluant, entre autres, la désinfection, le nettoyage, le
conditionnement, les cycles de stérilisation, les contrôles de procédés, les
contrôles de produit fini, le stockage, la mise à disposition, les modalités
d'utilisations, les réparations éventuelles...
D'entrée de jeu, cette mise en Ouvre semble difficile à mettre en place en
totalité. A défaut d'une ligne de conduite maximaliste, une option de base est
envisageable avec la possibilité de développements ultérieurs.
La stérilisation est un "procédé spéciale". En effet, aux sens des normes NF EN
ISO 9001, 9002 et NF EN 46001, 46002, "la stérilisation fait partie des procédés
spéciaux pour lesquels les résultats ne peuvent pas être entièrement vérifiés
par un contrôle final du produit effectué a posteriori. Ainsi, il convient de
veiller à la validation des procédés de stérilisation avant leur mise en
application, à la surveillance de leur fonctionnement en routine, ainsi qu'à
l'entretien du matériel. Un pilotage continu des opérations et un respect
permanent des procédures documentées sont nécessaires pour assurer la conformité
aux exigences spécifiées."
En conséquence, la traçabilité du cycle de stérilisation proprement dit peut
être considérée comme le minimum requis, compte tenu de l'analyse de ce risque.
Elle repose alors, sur l'enregistrement de tous les paramètres relatifs à la
maîtrise du procédé: paramètres du cycle (temps, température, pression),
indicateurs de stérilisation, test de pénétration de la vapeur d'eau et
composition de la charge. Tous ces éléments constituent le dossier de "lots",
permettant l'attribution d'un numéro de "lot" (ou numéro de charge, si l'on
considère que la stérilisation d'une charge hétérogène interdit le terme de
lot).
La traçabilité "en aval", en direction des utilisateurs, recouvre les étapes de
stockage en stérilisation, la mise à disposition et l'utilisation (dans une
acception large: stockage au niveau de l'unité clinique, utilisation,
implantation éventuelle). Constituée là aussi d'identification enregistrées, le
numéro de lot en est le fil conducteur. De plus, elle concoure à la
matériovigilance.
Ainsi, la tenue d'un registre de stérilisation satisfait à la traçabilité de
stérilisation. Il doit contenir tous les éléments permettant le contrôle de la
fonctionnalité du stérilisateur (Test de Bowie-Dick, essai d'étanchéité au vide,
diagramme paramétrique) et le contrôle de l'efficacité du procédé (les
indicateurs physico-chimiques, ces derniers sont mis dans un sachet et placés au
sein d'une charge de stérilisation).
Pour rappel, le " guide de prévention des infections liées aux soins en
chirurgie dentaire et stomatologie " publié par le ministère de la Santé -
direction générale de la Santé, en juillet 2006, précise que le test de Bowie
Dick doit être réalisé régulièrement (ce test met en évidence l'extraction
réussie de l'air froid autorisant la pénétration rapide et uniforme de la vapeur
saturée) et que la stérilisation est faite par un autoclave de classe B, avec un
plateau de stérilisation de 18 minutes à 134°C.
Conseils et astuces Utilisation d'une étiqueteuse qui noter le numéro affecté au
stérilisateur, le numéro de charge, la date de stérilisation, et la date de
péremption (3 à 6 mois admis selon le type de stockage de l'instrumentation) ;
Affichage des protocoles de désinfection- nettoyage, de stérilisation ; Le
registre de stérilisation doit comporter : le numéro de charge, l'indicateur
physico-chimique test " prion " pour 134°C pendant 18 minutes, daté et numéroté,
la date de stérilisation, la liste des instruments concernés ou des trousses de
rangement ou des conteneurs, pour les appareils qui en disposent, les paramètres
de stérilisation imprimés seront de même étiquetés à chaque charge de
stérilisation ; de plus, régulièrement doit figurer le test de Bowie Dick
effectué, daté et numéroté.
Cependant, pour être en règle avec les arrêtés du code de la santé publique
récents (Arrêté du 20 avril 2006 fixant les règles de classification des
dispositifs médicaux, pris en application de l'article R. 5211-7 du code de la
santé publique / Arrêté du 26 janvier 2007 relatif aux règles particulières de
la matériovigilance exercée sur certains dispositifs médicaux, pris en
application de l'article L. 5212-3 du code de la santé publique) en ce qui
concerne d'instrumentation chirurgicale dite invasive, le chirurgien doit mettre
en Ouvre la traçabilité en " aval ". En chirurgie buccale, acte de chirurgie
invasive, au même titre que la chirurgie implantaire ou parodontale notamment,
le report dans le dossier du patient du numéro de la trousse de chirurgie
utilisée (n° de stérilisation avec date et charge), ainsi que du numéro de la
trousse spécifique d'implantologie sont des éléments simples à noter, au même
titre que les numéros de lots des implants dentaires ou matériaux utilisés sont
collés dans ce même dossier.
Bibliographie et lectures conseillées
1. AFNOR NF EN 556 : Stérilisation des dispositifs médicaux Exigence pour les
dispositifs médicaux étiquetés " stérile " (indice de classement), 1995
2. AFNOR NF EN 554 : Stérilisation des dispositifs médicaux Validation et
contrôle de routine. Pour la stérilisation à vapeur d'eau (indice de classement
: 598-107),1995.
3. AFNOR NF EN 285 : Stérilisation. Stérilisation à la vapeur d'eau - Grands
stérilisateur, 1997
4. AFNOR NF EN 29001 (lSO 9001) Système qualité - Modèle pour l'assurance de la
qualité en conception/développement, production, installation et soutien après
vente
5. AFNOR NF EN 29002 (lSO 9002) Système qualité - Modèle pour l'assurance de la
qualité en production et installation.
6. BRISSET L., LECOLLIER M.D. : Hygiène et asepsie au cabinet dentaire, Ed.
Masson, 1997.
7. Conseil supérieur d'hygiène publique de France, section prophylaxie des
maladies transmissibles / Comité technique national des infections nosocomiales
: Guide de bonnes pratiques de désinfection des dispositifs médicaux.
8. GOULETS D : Les préliminaires à la stérilisation, In La stérilisation en
milieux hospitalier. CEPS, 2001.
9. GUIGNARD IP, GLFNATMC, RIONDET G et cool. Bio-nettoyage, désinfection,
stérilisation; 21-32: Editions Hospitalières, Vincennes.
10. LEGLISE P. : Normes et projet de normes concernant la stérilisation ;
Techniques Hospitalières n° 620, 17-18 8, oct. 1997.
11. Ministère de la Santé/DGS : Guide de prévention des infections liées aux
soins en chirurgie dentaire et stomatologie, publié en juillet 2006
12. MISSIKA P, DROUHET G : Hygiène, Asepsie, Ergonomie, Un défi permanent,
Ed.CdP, 2001.
13. PROST G., CLAPEAU G. et roll. : La décontamination, traitement de
l'instrumentation avant désinfection et stérilisation, Soins -NO 623, 1998, 3-6.
14. RUTALA WA.: disinfection, stabilisation and vaste disposal, In Wenzel RP.(Ed)
Prevention and control of nosocomial infection . Baltimore: Williams& Wilkins,
1993:460-95.
Conclusion
L'organisation nécessaire à la mise en Ouvre d'une traçabilité convenable dans
notre profession est complexe et coûteuse. Le grand effort réalisé par les
chirurgiens dentistes ces dernières années pour aboutir au respect de la chaîne
d'asepsie est très prometteur. Actuellement sont à l'étude des outils
informatiques qui nous permettront de réaliser une traçabilité simple, reste le
problème du coût. De plus il faut bien discerner les dispositifs médicaux, en
fonction des niveaux de risque, pour lesquels cette traçabilité est
indispensable. En travaillant sur ce problème, la profession doit pouvoir être
un interlocuteur essentiel pour converser avec la direction générale de la santé
(DGS), comme elle l'a déjà fait pour l’établissement du guide de prévention
édité par la DGS en juillet 2006.